Les féministes françaises, souvent incorporées avec armes et bagages dans le sillage de la gauche ou du moins du camp progressiste, et donc inscrites dans l’histoire de ce camp, éprouvent de vraies difficultés à articuler une critique de la Révolution française d’un point de vue féministe. Elles auraient l’impression, ce faisant, de s’en prendre à leur propre camp (le camp du progrès) et de faire ainsi le jeu de la réaction. Par ce qu’elles pensent être une fidélité à l’histoire des principes d’émancipation, elles ne voient pas qu’elles en viennent à entrer en contradiction avec ce qui devrait être le cœur de leur engagement : la cause des femmes. En pointant ce malentendu, il ne s’agit évidemment pas de faire le procès de la Révolution, seulement d’interroger cette croyance dogmatique en un sens continu de l’histoire dans lequel la liberté serait nécessairement toujours plus grande et plus entière dans le présent que dans le passé.
Extrait de l’émission Le Plus d’Eléments du 20 septembre 2018 sur TV Libertés